Les principes de l'apprentissage
Les principes de l'apprentissage
L’apprentissage est généralement défini comme étant la modification de comportements ou de connaissances d’un animal, résultante de l’exposition à l’environnement.
En éthologie, la définition est plus nuancée : un apprentissage est un procédé par lequel l’expérience change le comportement de l’animal. Cette définition met l’accent sur le fait que suite à un évènement ayant une signification pour un animal, ce dernier se comportera différemment lorsqu’il se retrouvera dans cette situation.
L'éducateur canin intervient dans ce cadre : apprentissage aux chiens de nouveaux comportements, de commandes, de consignes, en utilisant différents processus et différentes méthodes d'éducation.
L’apprentissage existe pour toutes les espèces animales, dont l’homme, mais à des degrés différents.
Ainsi, le rôle de l’apprentissage est plus important chez les espèces les plus évoluées sur le plan cognitif, capables d’apprendre des comportements nouveaux et complexes.
Certains animaux apprennent en observant les autres (c’est le cas, par exemple, lorsqu’il s’agit de savoir si un nouvel aliment est comestible ou non). D’autres apprennent par acquisition de techniques sophistiquées tel que le cassage des noix chez les chimpanzés…
L’apprentissage prend en compte les précédentes expériences pour changer et/ou perfectionner le comportement sans répéter ses erreurs.
Un apprentissage est donc mémorisé à plus ou moins long terme, ce qui signifie qu’il peut disparaître.
Il existe différents apprentissages, certains non associatifs, d’autres associatifs, et il est important de souligner qu’ils ne concernent pas seulement les chiens mais qu’ils sont similaires chez de nombreux mammifères, dont les êtres humains.
Par ailleurs, des apprentissages sont intraspécifiques, d’autres sont interspécifiques et ils prennent alors généralement la forme d'une acquisition de savoir-faire.
Les apprentissages intraspécifiques
Les apprentissages intraspécifiques ont lieu entre les membres d’une même espèce. Ils peuvent être effectués par :
observation
imitation
imprégnation
Un focus essentiel sur l'imprégnation : l’imprégnation, ou phénomène d’empreinte, est le processus permettant au chien d’apprendre à quelle espèce il appartient, quel est son sexe… Cet apprentissage est fondamental. Il se déroule dans sa petite enfance et est irréversible. C'est Konrad Lorenz qui a mis en évidence cet apprentissage.
Les apprentissages non associatifs
Les apprentissages non associatifs sont des apprentissages simples, basiques, l’animal étant exposé plusieurs fois à un unique évènement.
Dans le cadre des apprentissages non associatifs, le stimulus simple n’étant pas suivi de stimulus agréable ou désagréable, il n’y aura pas d’association entre deux éléments. Le chien par exemple entend un bruit ou voit quelque chose et uniquement cela.
Ainsi, quand un chien est confronté à un nouveau stimulus, isolé et sans conséquence, il est tout d’abord en état d’alerte face à l’inconnu. Ensuite, au fur et à mesure des expositions, il va pouvoir évoluer de deux manières différentes :
- soit il aura de moins en moins peur, c’est l’habituation
- soit il aura de plus en plus peur, c’est la sensibilisation.
Les apprentissages associatifs
Les apprentissages associatifs mobilisent la mémoire associative du chien. Celui-ci a la capacité de lier des évènements et de créer des liens.
L’animal associe deux évènements, il s'agit alors du conditionnement répondant (théorie de Pavlov) ou alors il associe un comportement et une conséquence, c’est alors le conditionnement opérant.
Ce type d’apprentissages suit la loi de l’effet : un comportement suivi d’une conséquence agréable peut être augmenté et inversement. Le chien intègre la relation de cause à effet et peut, ensuite, anticiper la situation à venir.
C’est L. Thorpe, éthologiste, en 1963 qui pose la définition de cet apprentissage : « C’est le développement d’une association, en tant que résultat d’un renforcement durant un comportement appétitif, entre un stimulus et un acte moteur indépendant… quand le stimulus et le comportement précédent le renforcement et que l’acte moteur n’est pas la réponse inhérente de ce renforcement ».
Les apprentissages associatifs, conditionnement répondant et conditionnement opérant, sont très usuellement pratiqués en éducation canine.
A titre d'exemple, beaucoup de propriétaires de chiens ont pu observer que lorsqu'ils sortent les laisses de leur chien, celui-ci est content. Il a associé à la laisse, stimulus neutre, l’excitation de la sortie, de la promenade. Cela correspond au conditionnement classique, ou répondant, théorie développée par Pavlov.
Des phobies peuvent également naître de ce conditionnement pavlovien. Un chien ayant la phobie des humains aura la plupart du temps vécu une expérience traumatisante auparavant auprès d’humains. De même, la peur d’un chien pour les voitures sera souvent la conséquence d’un premier trajet s’étant mal passé ou encore d’un accident.
Ce conditionnement peut a contrario être utilisé pour lutter contre des phobies : c’est ce qui est appelé le contre-conditionnement. Dans ce cadre, il s’agira d’associer progressivement un stimulus conditionnel à un nouveau stimulus déclenchant une réponse incompatible ou opposée à cette réponse conditionnelle.
Le chien qui a permis à Pavlov d'émettre sa théorie sur le conditionnement classique ou répondant.
La boîte de Skinner
Thorndike a initié un autre concept, développé par Skinner au milieu du XXème siècle, le conditionnement opérant.
L’animal va apprendre à faire ses propres choix avec la notion que, si le comportement est renforcé, la probabilité de le voir réapparaître augmente. Inversement, lorsqu’un comportement n’apporte aucun bénéfice, il tendra à disparaître.
Dans ce type de conditionnement, c’est donc l’animal qui choisit, il modifie lui-même son comportement. Dans l’expérience de la boîte de Skinner, le rat se conditionne tout seul : à force de décharges électriques en appuyant sur le bouton, il cessera d’appuyer. Par contre, celui qui obtiendra de la nourriture par déclenchement avec le bouton continuera d'appuyer dessus.
Dans notre quotidien de maîtres de chiens, le conditionnement opérant peut souvent être constaté. Par exemple, le chien qui mendie à table et obtient de la nourriture continuera à quémander, recevant sa gratification, ou encore, quand les propriétaires agitent le sachet de croquettes de leur chien et que celui-ci est attiré sans même avoir vu les croquettes.
En synthèse, le conditionnement opérant repose sur deux éléments : le renforcement et la punition. Ces deux notions de renforcement et de punition sont associées aux adjectifs positif ou négatif.
Il est donc possible de renforcer un comportement par le biais d’une récompense ou a contrario de punir un comportement.
Dans le cas du conditionnement répondant, le chien ne peut pas contrôler sa réponse : il salive. Le conditionnement opérant induit une action volontaire de sa part.
Pour tous ces apprentissages, il faut être conscient du fait que :
Le temps d’association d’un comportement produit avec sa conséquence est limité à quelques secondes seulement : on punit / récompense sur le fait et jamais a posteriori. Par exemple, punir son chien en rentrant du travail parce qu’il a détruit le canapé est inutile. Le chien ne fera pas le lien entre destruction du canapé et punition, il ne comprendra pas. Au contraire, il risque d’associer le retour du maître à la punition.
Lorsque le bon comportement du chien n’est plus jamais récompensé, le comportement peut diminuer voire s’éteindre. Une fois le bon comportement acquis, il faut le renforcer régulièrement (mais plus systématiquement) afin qu’il perdure dans le temps.
Les apprentissages associatifs sont les apprentissages les plus demandés aux chiens. Ils permettent à l’animal de s’adapter à son monde voire même de le tourner à son avantage. Grâce à ces apprentissages, le chien peut faire des associations entre différents stimuli ou entre ses comportements et leurs conséquences afin de maximiser les issues agréables et tout en limitant les issues défavorables.
Toutes les méthodes d’éducation du chien sont basées sur les apprentissages associatifs, ne serait-ce que pour l’association d’un ordre à un comportement. Comprendre leurs mécanismes, c’est faciliter grandement la réalisation de la plupart des exercices par le chien.